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Le samedi 23 avril 2022

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Des économistes contre les inégalités

L’auteur invité est Gilles Raveaud, maître de conférences en économie à l’Institut d’Etudes Européennes de l’université Paris 8 Saint-Denis et collaborateur du magazine Alternatives Economiques.

La productivité n’est plus synonyme de prospérité. C’est ce qu’a établi Lawrence Mishel, président de l’Institut de politique économique (EPI) : tandis que la productivité moyenne du travailleur américain s’est accrue de 80 % de 1973 à 2011, le salaire médian n’a augmenté que de 10 %. Pour le dire autrement, le salaire horaire médian aux États-Unis devrait être de 32 dollars, contre 20 dollars aujourd’hui.

Si l’on regarde dans le détail, on constate que la dispersion croissante au sein des bas salaires s’explique par l’érosion du salaire minimum et par la montée du chômage. Concernant les salaires moyens, ce sont les politiques de libéralisation et de privatisation qui sont responsables, en raison de leurs conséquences néfastes sur la syndicalisation et les normes d’emploi. Enfin, l’écart entre les très hauts salaires et le reste des employés est dû à la montée de la finance et aux rémunérations stratosphériques des grands patrons.

Pour James Galbraith, professeur à l’université du Texas, une rupture s’est produite au début des années 1980 : si au cours des années 1960, la croissance réduisait les inégalités, ce n’est plus le cas. Galbraith explique ce changement de régime par le rôle croissant du crédit, dont les bulles finissent généralement en crash. Lutter contre les inégalités et l’endettement est donc nécessaire pour préserver la stabilité de l’économie.

Ainsi, l’Institut pour une nouvelle pensée économique (Inet) a consacré une session de sa dernière conférence au lien entre inégalités et macroéconomie. Parmi les contributions, on relèvera celle de Peter Bofinger, professeur à l’université de Würzburg et conseiller économique du gouvernement allemand : il montre que, en Allemagne comme en Chine, la hausse des inégalités conduit à une hausse de l’épargne, ce qui réduit d’autant la consommation intérieure de ces pays.

Face à ces constats, quelles solutions ? Pour Michael Kumhof et Romain Rancière, économistes au Fonds monétaire international (FMI), puisque les inégalités sont sources de dettes et de crises, il faut «  accroître la capacité de négociation des travailleurs « , seul moyen de réduire la probabilité d’une crise future. Sur le plan politique, contre la  » ploutocratie  » vouée aux plus riches, dénoncée par Paul Krugman, Daron Acemoglu (MIT) et James Robinson (Harvard) appellent à la constitution d’une organisation capable de  » contrebalancer le pouvoir politique des superriches « .

Ce n’est pas exactement la direction prise en Europe. Sebastian Dullien, professeur à l’université de Berlin où se tenait la conférence de l’Inet, estime certes nécessaire de réduire l’écart entre les coûts salariaux allemands et espagnols, par une hausse en Allemagne et une baisse en Espagne. Mais il estime  » insoutenable  » pour l’Espagne le processus de convergence, qui devrait s’étaler sur au moins quinze ans. Conclusion de Dullien :  » Je sais que les comparaisons avec l’Allemagne des années 1930 sont toujours risquées. Mais, regardant par la fenêtre vers la porte de Brandebourg, je ne peux m’empêcher de penser à la catastrophe que l’Europe a connu il y a quatre-vingts ans, lorsque le chômage de masse ici en Allemagne a conduit Hitler au pouvoir.  »

Pour lire le texte original, avec les nombreux hyperliens, on va sur le blogue de l’auteur.

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