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Le samedi 23 avril 2022

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Ralentissement des émergents : crise ou rééquilibrage ?

L’auteur invité est Olivier Passet, directeur des synthèses économiques, groupe Xerfi.

Les économies des pays émergents ralentissent. En Chine, au Brésil, mais aussi en Inde et en Russie, la croissance marque le pas. Face à une Europe stagnante, aux Etats-Unis qui recentrent leurs chaînes d’approvisionnement et jouent avec le Japon le dumping monétaire, les pays émergents sont à la peine. Les causes du ralentissement diffèrent certes d’un pays à l’autre parmi ces Etats qui n’ont finalement en commun que l’acronyme « Bric » qui les unit conventionnellement. Mais qu’ils aient bâti leur croissance sur l’abondance d’une main-d’oeuvre bon marché ou sur leurs ressources naturelles, leur accès de faiblesse est plus que conjoncturel.

Il révèle trois failles majeures. Celle, d’abord, de modèles de croissance trop extravertis dont l’autonomie reste à bâtir. Enjeu : un meilleur partage des fruits de la croissance, autrement dit l’essor de classes moyennes. C’est ensuite l’hypercompétitivité de ces économies qui s’érode, en faveur du Vieux Continent qui reprend pied sur les marchés extra-européens ; en faveur aussi des petits pays périphériques : la Chine cède notamment du terrain en entrée de gamme à l’Indonésie, au Bangladesh ou au Vietnam. Enfin, le contexte d’hyperliquidité crée un fort potentiel d’instabilité financière : surendettement en Chine ou problèmes d’inflation au Brésil.

La défaillance des émergents apparaît en première analyse comme la nouvelle péripétie d’une crise à rechute. Une crise qui bute à répétition sur l’impasse que constitue l’absence de consommateurs pour la surproduction mondiale. Un ralentissement qui se complique inévitablement de secousses financières, même si l’importance des réserves accumulées par les émergents dans le passé sert d’antidote. L’alerte chinoise de juillet dernier sur les marchés interbancaires en porte la trace.

Ce ralentissement ne sonnera pourtant pas le glas des velléités de reprise du monde développé. Car il y a dans cette crise le début d’une solution. Les ratés des émergents pourraient bien augurer un rééquilibrage plus durable de la croissance mondiale. L’écart de croissance qui n’a cessé de se creuser depuis vingt ans entre pays émergents et pays développés est une tendance moins linéaire et moins inexorable qu’annoncé. Le rééquilibrage qui se dessine va de pair avec la volonté d’un nombre croissant de multinationales de raccourcir leurs chaînes de valeur. Il s’accompagne aussi d’un drainage des liquidités vers les entreprises des marchés matures. Le ralentissement des émergents est en fait le miroir de l’amélioration de ces économies qui se recentrent sur leurs marchés traditionnels. Ce recentrage déplace la compétition sur la qualité. Il crée aussi de l’oxygène sur les marges et pourrait finalement renforcer la soutenabilité de la reprise qui se dessine.

Pour lire le texte original, on va sur le site d’Alternatives Economiques.

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