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Le samedi 23 avril 2022

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Climat : l’urgence d’agir

L’Agence internationale de l’énergie (mieux connue sous son acronyme anglais, IEA) fait partie de ces organisations qu’on ne peut sûrement pas soupçonner de faire partie du mouvement ‘écologiste radical’. Créée par l’OCDE pour faire contrepoids au pouvoir de l’OPEP, elle fut pendant longtemps un allié indéfectible du lobby du pétrole. C’est pourquoi on ne que prendre aujourd’hui au sérieux ses études qui confirment l’urgence d’agir. Dans son plus récent rapport annuel (World Energy Outlook, publié à Varsovie à l’occasion de la 19e Conférence des Nations unies sur le climat), qui souligne une croissance insoutenable de la consommation énergétique fossile, elle rappelle à ses membres que la communauté internationale doit agir rapidement pour contrer les effets des changements climatiques, qu’il faut même prévoir une baisse de la consommation de pétrole et de charbon et qu’il est encore temps d’y parvenir si les pays prennent aujourd’hui même les décisions qui s’imposent.

Gouvernement Harper : les « forces du mal » ?

Malheureusement, si l’IEA présentent ses prévisions de croissance de la consommation d’énergie fossile sur une note pessimiste, c’est parce qu’il existe une ‘face sombre’ de l’humanité. À preuve : le gouvernement canadien et les lobbys pétroliers ont accueilli ces prévisions avec satisfaction ! « Le gouvernement Harper a accueilli « avec plaisir » les nouvelles prévisions de consommation mondiale d’énergies fossiles, même si celles-ci entraînent l’humanité sur la voie de bouleversements climatiques aux conséquences dramatiques, » souligne le journaliste du Devoir Alexandre Shields. Quelle inconscience répugnante ces gens-là nous offrent-ils. Alors que la Banque mondiale dévoile une étude qui démontre que les coûts des changements climatiques, dues aux catastrophes naturelles, sont 4 fois plus élevés aujourd’hui que dans les années 1980, ces gens-là nous présentent le développement des sables bitumineux comme un gage de prospérité. Alors que les Conservateurs se font les défenseurs de la famille traditionnelle, ils poursuivent en parallèle une politique énergétique qui va conduire les générations futures à vivre sur une planète de plus en plus invivable.

Pourtant, dans une publication mensuelle plus récente, l’IEA prévoit que le prix du pétrole en Amérique du Nord devrait baisser dans la foulée de la croissance de l’offre, principalement aux États-Unis avec le pétrole de schiste et au Mexique qui vient d’ouvrir l’exploration aux sociétés étrangères. Il y aurait là une occasion exceptionnelle d’agir de la part des ‘trois amigos’ qui constituent les pays dont les taxes sur les énergies fossiles sont les plus basses de tous les membres de l’OCDE. Il y a une opportunité qu’il faudrait saisir de réformer la fiscalité, vers une fiscalité écologique qui taxerait plus fortement les biens nuisibles à l’environnement, dont évidemment le pétrole, de manière à ce qu’une baisse potentielle du prix à la pompe de l’essence soit compensée par une hausse de la taxation, de manière à ce que le coût de cette fiscalité ne constitue pas un choc pour les consommateurs. Et par la même occasion, il faudrait canaliser ces revenus fiscaux dans un fonds de transition énergétique. Selon une étude récente, un investissement de 1 million $ dans les énergies propres permet de créer 15 emplois, tandis que la même somme ne crée que deux emplois dans le secteur pétrolier et gazier.

Gouvernement Marois : une complicité condamnable

Fin février et début mars, la compagnie TransCanada dépose la première version de son projet Oléoduc Énergie Est à l’Office national de l’énergie (ONÉ), estimé à 12 milliards de dollars, qui devrait transporter 1,1 million de barils par jour, incluant du pétrole issu des sables bitumineux, ce qui en fait le plus important projet de pipeline en Amérique de Nord; à quelques jours d’intervalles, l’ONÉ donne son accord au renversement du vieux pipeline d’Enbridge, qui fera passer 300 000 barils de pétrole, dont une proportion provenant des sables bitumineux, vers les raffineries de Montréal et St-Romuald. Non seulement ces projets de pipeline représentent un risque environnemental inacceptable pour les populations riveraines, dont je fais partie puisque j’habite les Basses laurentides, mais ils donnent en même temps aux pétrolières le feu vert pour poursuivre leurs projets insensés de développer les champs de sables bitumineux de l’Ouest canadien.

Le rôle qu’a joué le gouvernement Marois dans le projet d’Enbridge est inacceptable. Leur commission parlementaire ne fut rien d’autre qu’une lamentable farce démocratique. Mais ce qui est pire, c’est leur vision stratégique dans le domaine énergétique, se faisant le complice d’un des projets les plus condamnables (le développement des sables bitumineux) sur les enjeux climatiques. Tout le reste du discours péquiste sur l’environnement n’est que de la foutaise si, sur cet enjeu fondamental, le PQ est complice des pétrolières.

Par contre je ne partage pas les positions de ceux qui excluent, par principe, toute initiative d’exploitation pétrolière au Québec. Au contraire, une stratégie qui miserait sur l’exploration et l’exploitation d’un pétrole québécois, qui s’inscrirait dans le cadre d’une norme sur la teneur en carbone des carburants, pourrait ouvrir la voie d’une double stratégie d’indépendance énergétique : d’une part, une stratégie économique de développement de nos ressources qui corrigerait graduellement l’un des plus importants facteurs du déficit de la balance commerciale du Québec, tout rendant tout à fait inutile les risques environnementaux de faire passer des pipelines provenant des champs des sables bitumineux sur le territoire québécois; d’autre part, une stratégie de transition énergétique (financée par les dividendes de l’exploitation pétrolière) pour se libérer des énergies fossiles sur l’horizon 2050. Comme je le signalais dans un billet d’OikosBlogue, cette exploitation pétrolière devrait être planifiée de telle sorte qu’elle s’achève avant 2050 : autrement dit, nous devrions viser, sur un horizon d’une quarantaine d’années, la fin programmée de la production et de la consommation de pétrole au Québec en investissant les dividendes de l’exploitation pétrolière dans l’électrification des transports et le développement des biocombustibles.

C’est la raison pour laquelle je suis en partie d’accord avec la réponse de Daniel Breton à la candidate de QS parue dans Le Devoir. Mais pour autant, je ne voterai pas pour un gouvernement qui est favorable aux projets de pipelines qui permet de désenclaver l’exploitation des sables bitumineux de l’Ouest, qui vont à l’encontre des intérêts du Québec, et de l’avenir de la planète ! Option nationale aura mon vote le 7 mars.

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