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Le BIXI, entre flexibilité et liberté

Une nouvelle créature envahissait les rues de Montréal l’été dernier : le BIXI. Avec ces 5000 spécimens lâchés en plein cœur de la ville, Montréal se classait déjà bonne deuxième au monde quant au nombre d’unités disponibles pour un système de vélo en libre-service. Seule Paris surpassait la métropole québécoise avec près de 20 000 vélos disponibles pour l’emprunt. « Cela dit, BIXI n’est pas exceptionnel uniquement en raison de sa taille; le premier système de vélo libre-service québécois innove autant au niveau de la technologie que de la gestion » nous dit Bartek Komorowski dans un article publié dans le numéro d’automne 2009 de la revue Urbanité (pp.46-47). Selon M. Komorowski, le système BIXI serait à considérer comme la quatrième génération de vélo libre service.

Les premières tentatives d’implantation de vélo en libre-service furent expérimentées à Amsterdam dans les années 60. La ville avait alors distribué des centaines de vélos déverrouillés à la population. Les vélos ne restèrent pas longtemps disponibles, les gens se les accaparant assez rapidement. Une pareille tentative fut faite au printemps dernier à Montréal par le regroupement de la Pointe libertaire du Centre social autogéré qui installa dans trois stations différentes des vélos complètement libre d’utilisation pour les habitants de Pointe-Saint-Charles, dans le sud-ouest de Montréal.

La deuxième génération de vélos en libre-service fut développée au Danemark au début des années 90, nous explique M. Komorowski. Deux modifications furent alors effectuées : les pièces des vélos étaient faites sur mesure et ne pouvaient pas être utilisées pour d’autres vélos; les vélos devaient désormais retourner à des stations spécifiques entre leur utilisation, comme c’est le cas avec les BIXI. Quelques pièces de monnaie suffisaient pour débloquer le vélo, pièces qui étaient remises à l’usager lors du retour du vélo. Le système Bycyklen de Copenhague fonctionne actuellement de la sorte. Mais les vols sont encore nombreux…

La troisième génération vit le jour à Rennes en 1998. On y reprit les améliorations de la seconde génération en remplaçant l’ancien système de déverrouillage par l’utilisation d’un système à carte magnétique. L’identité des emprunteurs était ainsi connue et ces derniers pouvaient être tenus responsables des dommages ou de la disparition de vélo. L’informatisation de ce système facilita également sa gestion : le nombre de vélo disponible à chaque borne était connu et l’on pouvait facilement s’ajuster aux flux d’utilisation en vidant les stations pleines ou en approvisionnant les stations vides. C’est ce système qui connut un grand essor en Europe.

C’est ici qu’arrive le BIXI. Si, du point de vue de l’usager, l’expérience du BIXI diffère très peu des autres systèmes de vélo en libre-service, pour l’opérateur, les changements sont importants. « Jusqu’à l’introduction de BIXI, l’implantation d’une station de troisième génération nécessitait d’importants travaux de construction pour ancrer les supports à vélo et la borne de transaction au sol et pour les brancher aux réseaux électrique et informatique. En revanche, les stations de BIXI sont complètement autonomes : les supports et les bornes sont montés sur de lourdes plateformes métalliques, sont alimentés par des panneaux solaires et accèdent au réseau informatique à l’aide d’émetteurs et récepteurs sans fil » nous apprend M. Komorowski. Ceci rend très rapide et peu dispendieuse l’implantation de nouveaux modules et donne à l’opérateur une grande flexibilité pour gérer la demande de vélos.

Du point de vue du modèle d’entreprise, BIXI diffère également de ses homologues européens. Les systèmes européens fonctionnent dans la majorité des cas en partenariat public privé où avec des compagnies de publicité échangeant un approvisionnement en vélos contre de l’espace publicitaire. Le mandat de développement et d’exploitation du BIXI fut quant à lui donné à la société paramunicipale en commandite Stationnement de Montréal. Souvent installées dans des aires de stationnement automobile, l’implantation de nouvelles stations de vélos est ainsi facilitée, et la dépendance du système face aux grandes compagnies de publicité, écartée.

Le succès de BIXI fait aujourd’hui tache d’huile. Plusieurs villes ont adopté le système ou sont en voie de le faire : Montréal, Boston et Minneapolis en Amérique du Nord, Londres en Europe et maintenant Melbourne en Australie.

Discussion

2 commentaires pour “Le BIXI, entre flexibilité et liberté”

  1. Petite rectification: ce n’est pas la Pointe libertaire qui a lancé des vélos en libre-service, c’est le Centre social autogéré (www.centresocialautogere.org).

    Le site Internet de la Pointe libertaire rend compte de cette initiative car c’est dans notre quartier et le CSA est de nos amis, mais si le « journaliste » Matthieu Roy avait bien lu le texte auquel il fait référence, il aurait pu mieux informer ses lecteurs.

    De plus, on peut déplorer les autres mauvaises informtations de cet article: il n’y a aucune perspective critique sur le BIXI; en plus, l’auteur mentionne que, contrairement à ce qui se fait ailleurs, le BIXI n’est pas en mode partenariat -public-privé. FAUX: le bixi est un PPP, car Stationnement de Montréal est une structure privée (gérée par la Chambre de commerce de Mtl). C’est même un des premiers PPP à Montréal, qui date des années 1990. La ville de Mtl a dirigé le projet BIXI et l’a offert à Stationnement de Mtl.

    M. Roy, peut-être devriez-vous refaire vos devoirs et mieux vous renseigner avant d’écrire?

    Écrit par Pointe Libertaire | février 25, 2010, 10 h 51 min
  2. Disons tout d’abord que le principal but de mon texte était de résumer les arguments présentés par M. Komorowski dans l’article dont je donne les sources. Je trouvais intéressant la perspective historique qu’il amenait au sujet du BIXI, perspective que les médias traditionnels n’ont pas souvent présentée au grand public, me semble-t-il. Plus critique, j’aurais effectivement pu l’être, en mentionnant par exemple que les coûts déboursés par les utilisateurs du BIXI sont sensiblement plus élevés que sur d’autres systèmes de libre-service, que l’ensemble du territoire montréalais est loin d’être entièrement couvert par le BIXI et que les gens ne possédant pas de carte de crédit ne peuvent avoir accès à ce service. L’initiative des BIXI est donc fort critiquable selon certains points de vue. Je suis tout de même heureux, pour ma part, de voir des hommes encravatés ou des jeunes touristes parcourir les rues de la métropole par un autre moyen que celui du véhicule motorisé. Je comprends bien que votre regroupement libertaire adopte des positions allant dans le sens d’une critique radicale des institutions en place. C’est par sympathie pour votre « cause » que, de façon bien maladroite vous m’en excuserez, j’essayais de rediriger les quelques lecteurs du présent blogue vers votre site. Un de mes objectifs est de faire connaître des sources alternatives d’informations. J’aurai au moins réussi, à rebours, à faire connaître au lecteur le superbe de votre verve et le cinglant de vos propos. J’essaierai donc de me tenir à l’avenir bien droit, entre mes guillemets de journaliste, qui, je l’espère, seront assez grands pour me protéger de vos prochaines attaques, puissent-ils au moins me servir à cela… je ne crois pas qu’il soit nécessaire de tirer sur le messager, pour attaquer son propos… Merci pour les précisions au sujet de Stationnement Montréal. Mes excuses aux lecteurs pour mes excès de « jovialisme ».
    Matthieu Roy

    Écrit par Matthieu Roy | février 26, 2010, 16 h 20 min

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